Anarion Prince de Min'Raza, Shaamah voleur
Nombre de messages : 265 Age : 36 Race : Shaamah, Humain Guilde : Min'Raza Profession : Voleur Date d'inscription : 17/07/2006
| Sujet: Mémoires d'Anarion. Dim 22 Avr - 16:06 | |
| Partie I, chapitre I. Mémoires du Prince Anarion de Min'Raza.Rédaction des mémoires d'un voleur, simple geste à la vocation de rester dans l'histoire. Prouver aux générations suivantes que peut-être un homme, si humble soit-il, peut avec sa volonté changer le monde et surtout lui-même, dans la quête du pardon et de la rédemption, ou bien de la gloire ou même de l'amour.Je suis né par une chaude nuit d'été, en l'an de grâce 1210 dans les environs d'Abelheim. Les maisons de paysans y sont nombreuses, et rien ne marqua cet évènement. J'ai vécu dans une famille humble, nombreuse aussi, comme souvent à l'époque. J'avais un père qui maniait la charrue, et vivait de ses cultures. Ma mère était souriante, mes frères et soeurs bruyants. J'étais l'ainé, mais pas le premier. Parfois, les dieux décidaient de reprendre la vie qu'ils avaient généreusement donnée à un nouveau né. Mais j'ai vécu. Et j'étais heureux, dans les plaines verdoyantes de ce beau pays, à jouer avec les garnements de mon cottage, lorsque l'insouciance faisait encore partie de notre vie.
Puisque dans beaucoup de famille, c'est la guerre qui les déchire, ce fut la même chose pour nous. On ordonna une levée de troupes, et tous ceux qui pouvaient porter une arme s'en furent défendre un Roi qui ne posait guère le pied sur le champ de bataille. Ce fut le début de ma haine pour ceux qui ordonnaient aux hommes. Mon père combattit aux côtés des soldats... Beaucoup moururent, et il fit comme eux. Il tomba, l'épée à la main. C'est tout ce qu'on nous rapporta de lui d'ailleurs, une épée. Les hommes partis, les hommes morts, c'est la famine qui s'est emparée du peuple.
J'avais grandit, j'étais presque à l'âge d'homme. Je devais compter 13 années, ou peut être 14... Je rêvais d'être moi aussi un brave chevalier, mais la vie avait balayé ce rêve d'un revers poignant de réalité depuis bien longtemps. Avec les autres garçons, nous avions formé une bande de voleurs. Les temps étaient durs, et pendant que les nobles vivaient dans l'abondance, nous autres manants vivions dans la disette. Aucun scrupule ne retenait nos bras. J'avais l'épée de mon père avec moi, et nous pillions tout ce qui se trouvait sur notre route. Ainsi, en homme de la famille, je nourrissait les miens.
Mais peu à peu, la folie et l'ivresse du succès s'empara de nos esprits. Après la nourriture, nous tombâmes dans le besoin de ce qui faisait la corruption de l'esprit de l'homme. La soif de richesse, la soif de pouvoir. Nous nous étions montrés sans peur, jeunes fous que nous étions. L'invincibilité était nôtre... Nous attaquâmes les convois de riches, les têtes tombaient sous nos coups. Notre repère commença à devenir une caverne au trésor, mois après mois.
Mais les autorités n'étaient pas dûpes, et c'est ainsi que nous fûmes pour la plupart décimés lors de l'attaque d'un convois destiné à nous faire tomber dans un piège. Tous les "marchands" étaient en réalité des hommes en armes. L'embuscade fit son office, près des deux tiers des jeunes brigands furent taillés en pièces. Le reste prit la fuite, et moi avec. j'en garde encore une vilaine cicatrice dans le dos, un coup par derrière. Encore une preuve de la bravoure d'un soldat.
Nous demeurâmes cachés un temps, la chute était rude. Nous n'étions qu'un groupe de brigands parmis tant d'autres, de jeunes imprudents destinés à la potence si jamais ils étaient pris. Aussi entêtés que nous étions, nous en voulions à tous. Je me suis éloigné des miens, et j'ai continué ma route avec les autres. Ainsi, nous avons commencé des combats sans gloire. Nous volions les plus faibles, et nous évitions les soldats. J'ai gagné en expérience, je ne le nie pas. Nous avons pillé des temples, souvent désertés. Les pièges nous devenaient familiers.
Par une nuit d'orage, nous avions en vue un Temple de Danava, quelque peu retiré. Le cheminement à travers la campagne fut une petite épreuve sans gravité. Nous glissions dans la boue, la foudre tombait parfois sur des arbres alentours, et illuminait brèvement notre chemin et le paysage trempé. Nous nous embusquâmes près du Temple alors qu'un prêtre en fermait les portes pour la nuit. Il était temps d'évaluer l'hospitalité de l'endroit. Deux des nôtres s'en allèrent frapper aux portes, prétendant être des voyageurs surpris par l'orage. Le reste se serra contre les murs, pour ne pas être vus par le portier durant son inspection des "voyageurs". Lorsqu'on leur laissa enfin le passage, tout le groupe s'engouffra à travers l'entrée. Le portier n'eut pas le temps de protester, ou même de prévenir quelqu'un. Une lame lui trancha la gorge en même temps que la voix, et la vie... L'opposition des prêtres fut faible et on sentait la peur suinter dans les murs, tandis que le massacre se perpétrait. Après avoir accomplie l'office macabre, les voleurs fondirent sur tout ce qui avait de la valeur dans le temple. Des coupes, de l'argenterie, des armes ornées, de l'or et des bijoux. Et moi, je ne sais si ce sont les dieux qui ont conduit mes pas, mais je m'aventurais dans une partie reculée du temple, un petit couloir semblable à tous les autres mais qui attira mon attention, sans raisons. Il donnait sur une pièce isolée, mal éclairée, qui abritait en son centre un piédestal. Un livre ouvert y était exposé, éclairé par deux braseros. Je m'approchais, certain de pouvoir vendre cette chose à bon prix. Mais une voix, aussi grave et vibrante que menaçante résonna :" - Si tu t'empares de ce livre, voleur, tu attireras sur toi le courroux de Danava. Je t'ordonnes de quitter ces lieux sur-le-champ. " Je me figeais sur place, tournant lentement sur moi-même pour faire face à mon adversaire. L'appât du gain, contre la prudence. Le prêtre semblait calme, pas sûr de lui, mais calme, comme si une aura de pouvoir l'entourait. J'étais un écervelé, noyé dans la certitude que le pouvoir était la clé de tout, que le pouvoir donnait tout ce qu'une vie peut offrir. Même si, après tant d'années je vois cela comme un épreuve, je crois que j'avais causé ma perte. J'ai tendu la main, mais avant même qu'elle n'atteigne mon but, elle changea... Je changeais. Je coyais que je tombais, le livre s'éloignait... Mais je ne tombais pas, je diminuais seulement de taille. D'homme je passais à autre chose... Petit félin campé sur deux pattes, corps poilu, yeux en amandes, longue queue... Shaamah. Anarion le Shaamah était né. " - Voleur, tu as subit la colère de la déesse. Ton corps est souillé de la punition de tes forfaits. Va, le monde te pardonnera le jour ou tu seras racheté. " Et je me suis enfuit, parcourut par la peur, l'impuissance, dégouté de moi-même... J'ai fuit, j'ai oublié, et je fus oublié, qui j'étais, ce que j'étais. Je suis partie me terrer loin, très loin des terres de ma famille. Et une nouvelle vie commença. Allais-je suivre le chemin de la rédemption ? | |
|